VAN GOGH CHAIR 1988

Pour commémorer le centenaire de l'arrivée de Vincent van Gogh dans la ville d'Arles, une fondation locale lance un appel aux artistes, leur demandant de célébrer l'événement par une oeuvre originale. Comme Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg et beaucoup d'autres, David Hockney répond à cette invitation.

Son intérêt pour l'oeuvre de l'artiste hollandais s'exprime pour la première fois en 1977, lorsqu'il peint Looking at Pictures on a Screen qui, sous les apparences d'un portrait de Henry Geldzahler, ouvre les portes d'un petit musée imaginaire. Sur un paravent, sont accrochés les tableaux de la National Gallery de Londres auxquels Hockney attache le plus d'importance. Outre Piero della Francesca, Vermeer, Degas, apparaît une reproduction des célèbres tournesols de van Gogh. Huit ans plus tard, A Walk around the Ho tel Courlyard, Acatlàn, par son chromatisme et sa technique d'exécution, témoigne d'une première appropriation stylistique de la peinture de van Gogh. La demande de la Fondation van Gogh d'Arles permet à David Hockney d'évoquer le souvenir d'un autre tableau de la National Gallery. Pour représenter la chaise de van Gogh, il adopte le principe d'une perspective renversée qui semble la faire saillir en avant de la toile. Depuis 1985, à partir de la revisitation du cubisme qu'opèrent ses photocollages, il systématise ce type de construction de l'espace pictural. The Desk [Bureau], de 1984, Paint Trolley [Chariot à peinture], A Chair, jardin du Luxembourg, tous deux de 1985, recourent au système de la perspective renversée. Une gravure, Amaryllis in Vase (1985), deux peintures, Chair [Chaise] et Perspective Lesson (Leçon de perspective), de la même année, témoignent de l'enthousiasme de Hockney pour un système dont il explicite les tenants théoriques et symboliques dans l'encart qu'il conçoit pour la livraison de décembre 1985 de la revue Vogue. Peu de temps après avoir achevé Van Gogh Chair il entreprend la peinture Gauguin's Chair . L'oeuvre dans laquelle la pipe et les livres de Gauguin évoquent son absence, incite Hockney à considérer toute chaise comme potentiellement liée au souvenir d'un ami. En 1972, un chapeau panama, un verre de whisky valent pour le portrait de Geldzahler que les circonstances ne permettaient pas de montrer explicitement (cette gravure étant entrée dans le cadre d'une collecte de fonds directement initiée par le conservateur du Metropolitan Museum de Newyork).

Lors d'un voyage au Japon, une chemise posée sur un fauteuil, semblable à celle que possédait Peter Schlesinger, avec lequel il venait de rompre, est une nouvelle réminiscence de la Chaise de Gauguin. La métonymie d'une chaise vide comme monument pudique au souvenir et à l'affection.

D.O (David Hockney : espace/paysage, centre Georges Pompidou )