GARROWBY HILL 1998

Garrowby Hill est la dernière oeuvre du cycle des paysages du Yorkshire. Elle était en moi, explique Hockney. J'ai dû la peindre en trois semaines, alors que je pensais que cela me prendrait beaucoup plus de temps. Le tableau représente la vaste vallée de York, ses champs vus du plateau de Garrowby HilI. Quotidiennement, pendant plusieurs semaines, Hockney emprunte cette route qui relie Bridlington à la maison de Jonathan Silver : J'ai dû, les quelques mois qui ont précédé, monter et descendre cette colline une bonne soixantaine de fois. C'était pour moi quelque chose de très fort. Un sentiment puissant. Les jours de beau temps, je dirais que la vue est dégagée sur quatre-vingts à quatre-vingt-dix kilomètres, ce qui est beaucoup pour l'Angleterre. Et là-bas, à l'horizon, vous pouvez alors apercevoir la cathédrale, York Minster Douzième siècle. Puissante bâtisse.

Le point de vue élevé peut donner au spectateur l'impression qu'il peut s'élancer, voler au-dessus de la plaine. Comme dans tous les paysages du Yorkshire peints par Hockney, l'air est ici d'une pureté cristalline. Aucun nuage, pas la plus légère brume ne gênent l'oeil du spectateur. Chaque parcelle est représentée selon une perspective qui lui est propre, généralement inversée par rapport à celle du champ voisin. Cette vue " d'en haut " annonce A Bigger Grand Canyon, dans lequel le sentiment de survoler le site trouve son accomplissement.

Lors d'une conversation avec David Hockney, l'écrivain Lawrence Weschler donne une interprétation émouvante de ce tableau. Pour lui, Garrowby Hill fixe l'instant où Hockney surmonte la triste nouvelle de la perte de son ami Jonathan Silver. Garrowby Hill signe l'ouverture sur un monde nouveau. Le spectateur achève l'ascension d'un mont, parvient au bout d'un tunnel obscur. Ce tableau prouve - pour reprendre les paroles du peintre Gerhard Richter - que l'art est la forme suprême de l'espoir.

K.H traduit de l'allemand par M.C (David Hockney : espace/paysage, centre Georges Pompidou )