WHAT ABOUT THE CAVES? 1991

Une telle question a de quoi étonner venant d'un peintre des surfaces miroitantes (que d'aucuns ont pu jadis injustement considérer comme superficiel). Et Si le paysage californien, déployé en larges pans dans les toiles de 1988-1990, nous cachait quelque chose? Hockney descend dans la profondeur obscure avec prudence et il s'interroge avec humour sur les grottes et cryptes qui lui auraient échappé, y suggérant un capharnaüm de formes insolites et illisibles. Alors que pour Francis Bacon, l'un de ses pères spirituels (avec Picasso, Dubuffet et Klee), la profondeur se manifeste comme le trou noir et sanglant du cri, elle apparaît chez Hockney comme une scène excessive et rare, un lieu clos et balisé parmi d'autres. L'aspect déchiré et l'hétérogénéité des textures de ces objets souterrains sont le fruit des diverses expériences menées par le peintre au moyen de fax et photocopieuses. S'y ajoute, en 1991, l'usage de l'ordinateur dans la création du dessin. L'imprimante laser couleur produisit -des dessins dont l'original fut créé sur l'écran et stocké dans le disque dur Hockney fut particulièrement fasciné par les diverses possibilités graphiques et chromatiques de ce nouvel outil. Le programme de palette graphique lui permettant de jouer sur le trait, le tramé, la dissolution des plans ou le renforcement des ombres, et surtout de la mutation et des mélanges perpétuels d'une couleur, d'une brillance et d'une luminosité que même l'impression sur papier n'assourdit pas. Tout cela, bien sûr, connecte la peinture aux machines de vision, d'enregistrement et de reproduction de notre temps. Si Léger, Klee et Delaunay revenaient sur Terre, ils relèveraient le défi de la couleur électrique dans ses nouveaux états.

P.S (David Hockney : espace/paysage, centre Georges Pompidou )