THE SIXTEENTH VERY NEW PAINTINO 1992

Hockney est ici tenté par un pur jeu de surfaces. Il déclare avoir traité chacune d'une façon singulière, passant du tramé aux effets de brosse et aux arrachés de matière. Cependant une scène se constitue, sur laquelle deux oeufs quadrillés donnent l'échelle. Contrairement à un Frank Stella, par exemple, qui était parti dans les années soixante d'une planéité minimaliste à bandes noires pour aboutir il y a peu à des reliefs d'un baroquisme échevelé, Hockney maintient un espace scénographique à travers toutes ses mutations. Et les scènes de la côte du Pacifique sont ourlées de diverses vagues : celles de l'Occident qui viennent y épouser celles de l'Orient, celles aussi de la technologie de pointe qui s'extasie de la nature et de ses grandeurs. Ce sont de grandes noces d'Orient-Occident avec la west Coast comme interface.

La présence de surfaces striées et quadrillées en les " Very New Paintings " s'explique à coup sûr par l'utilisation de l'ordinateur graphique, lequel produit en abondance diverses trames pour gérer et tisser ses surfaces et volumes. Mais il convient, en ce qui concerne Hockney, de se souvenir qu'il a toujours été un graveur très expert. Son amour des trames diverses et sa virtuosité en la matière sont évidentes dans la série de pointes-sèches des Six Contes des frères Grimm de 1969. Ainsi, l'ancienne technique de la pointe-sèche, loin d'être rendue obsolète par le tracé pixelisé, nourrit en quelque sorte la technologie, du moins pour les vrais artistes qui ne se bornent pas à la faire fonctionner à vide.

Les hachures et trames, pour Hockney, loin d'être des marquages destinés à clôturer les formes ou à unifier et définir les surfaces, furent toujours dans sa peinture des faisceaux de forces. Ce sont des textures dynamiques et, dans les " Very New Paintings ", on voit à quel point toute surface est un tissage d'énergies.

P.S (David Hockney : espace/paysage, centre Georges Pompidou )