FLIGHT INTO ITALY - SWISS LANDSCAPE 1962

Flight into italy - Swiss Landscape est l'évocation d'un périple en Italie, effectué par temps d'épais brouillard. Seule concession naturaliste de la scène : dans la < vallée de droite, des cimes enneigées, peintes d'après une carte postale. Les personnages précipités sur les routes alpines sont encore ceux des tableaux précédents, inspirés, telles les figures de Jean Dubuffet, du graffiti et du dessin d'enfant. Pour chacune de ses toiles importantes de l'année 1962, Hockney retient des peintures de Bacon l'usage d'une toile traitée en réserve. L'élément le plus frappant de Flight into Italy... est le jeu de lignes ondoyantes, censées représenter la silhouette des montagnes. Pour celles-ci, Hockney dit s'être inspiré de la stylisation des massifs montagneux en usage dans les ouvrages de géologie. Plus sûrement, ce tracé sinueux, fait de lignes colorées superposées, se veut un clin d'oeil aux peintures abstraites de Kenneth Noland. Évoquant la période durant laquelle il a peint ce tableau, Hockney nous précise : je voulais participer; même marginalement, au mouvement contemporain (Hockney). La marginalité à laquelle il se réfère s'interprète dans les termes de la critique ironique. Les exégètes des peintures de Hockney se sont tous livrés au décodage de ses sources formalistes. Peter Clothier voit une colline à la Morris Louis dans la forme colorée que surplombent les deux personnages d'un autre tableau de 1962, Picture EmpitasizingStillness(Clothier P.). Marco Livingstone discerne dans les montagnes du Swiss Landscape une référence aux peintures abstraites de Harold Cohen. Two Stains on a Boom on a Canvas [Deux taches dans une salle sur une toile), par son titre et sa technique, renvoie explicitement aux peintures "teintes " de Helen Frankenthaler. Ainsi peuvent se décliner, presque à l'infini, les citations ironiques et les détournements. Le Serpent [The Snake[ de 1962 " zoologise"les cibles de Noland. Un peu plus tard, les piscines du milieu des années soixante transforment les " spaghettis " abstraits de Bernard Cohen ou Jean Dubuffet en surfaces aquatiques. Comme les étudiants de St. Martin's School of Art, à qui Tohn Latham faisait boire une décoction des écrits de Clement Greenberg, Hockney, non sans hoquets, digère à sa façon les leçons du formalisme.

Didier OTTINGER (David Hockney : espace/paysage, centre Georges Pompidou )